Page:Busoni - Chefs-d’œuvre poétiques des dames françaises, 1841.djvu/148

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Hélas ! loin de badiner,
Loin d’être fourbe et volage,
Comme veut le bel usage,
Il iroit s’abandonner,
En jeune cœur qui se pique
De sentiment héroïque,
À ces beaux engagemens
Qu’on trouve dans les romans
Oui, malgré ce qu’on pratique,
Il aimeroit à l’antique.
Ah ! que de fâcheuses nuits,
Que de soupçons, que d’alarmes,
Que de chagrins, que d’ennuis,
Que de soupirs, que de larmes !
Il vaut mieux, si je le puis,
M’arracher à tous les charmes
Du beau séjour où je suis.
Sans consulter davantage,
Quittons ce fatal rivage ;
Mais quittons-le sans retour,
Ce rivage où chaque jour,
Sans avoir eu part au crime,
Chaque cœur sert de victime
Aux vengeances de l’amour.
Ici, tout ce qui respire
Se plaint, languit et soupire.
Dans les forêts les oiseaux,
Dans les plaines le zéphire,
Les bergers sous les ormeaux,
Les Nayades dans les eaux,
Tout sent l’amoureux martyre ;
Et tout sert, en nous parlant
Contre l’austère sagesse,
A mettre en goût de tendresse