Page:Busoni - Chefs-d’œuvre poétiques des dames françaises, 1841.djvu/153

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Loin d’en trouver quelqu’un qui vous efface,
Jamais aucun ne vous égalera.

N’allez donc plus exposer une vie
D’où le bonheur de l’univers dépend.
Voyez la paix de tous les biens suivie,
Qui dans les bras des plaisirs vous attend.
Épargnez-nous de mortelles alarmes :
Où courez-vous, par la gloire animé ?
Si la victoire a pour vous tant de charmes,
Vous pouvez vaincre ici sans être armé.
N’appelez point une indigne foiblesse
Quelques momens donnez à la tendresse :
Les plus grands cœurs n’ont pas le moins aimé.

Mais aux travaux de la fière Bellonne
J’oppose en vain le repos le plus doux.
Les faux plaisirs que l’oisiveté donne
Ne sont pas faits pour un roy comme vous
Instruit de tout, appliqué sans relâche,
Et toujours grand dans les moindres projets,
Lorsque la paix aux périls vous arrache,
Une autre gloire à son tour vous attache,
Et vous immole au bien de vos sujets.

Ainsi l’on voit le maître du tonnerre
Diversement occupé dans les cieux :
Tantôt vainqueur dans l’insolente guerre
Qui fit périr les Titans furieux ;
Tantôt veillant au bonheur de la terre.
Porter partout un regard curieux ;
Y rétablir le calme, l’innocence ;
Estre de tous la crainte et l’espérance,
Et le plus grand et le meilleur des dieux.