Page:Busoni - Chefs-d’œuvre poétiques des dames françaises, 1841.djvu/155

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poétique que les beaux morceaux de madame Deshoulières ; mais il y a de l’harmonie, de la douceur et du charme. Parmi les peines qui affligèrent mademoiselle Deshoulières, la plus sensible fut la mort d’un jeune officier plein de mérite qu’elle devait épouser et qui fut tué à l’armée. Elle fut agrégée à l’académie des Ricovrati de Padoue, en remplacement de sa mère, et mourut en 1718.


STANCES.


Quel sort au mien est comparable ?
Tous mes jours sont marqués par de nouveaux malheurs ;
De quels crimes suis-je coupable ?
Ciel ! ne suis-je ici-bas que pour verser des pleurs ?
A tes ordres sans cesse et soumise et fidelle ,
J’ai toujours de tes loix respecté le pouvoir ;
L’excès de ma douleur mortelle
Livrera-t-il mon cœur à l’affreux désespoir ?

D’un torrent de malheurs ma vie est traversée ;
On diroit, en voyant dans cet heureux séjour
Les peines, les ennuis où je suis exposée,
Et le funeste sort de mon fidèle amour,
Que du ciel, contre moi, la bonté courroucée
Me partage à regret la lumière du jour.

Cependant cet amour, si fidèle et si tendre,
Toujours sur mon devoir a réglé ses désirs ;
Hélas ! à d’innocens plaisirs
Quel cœur, plus que le mien, eut plus droit de prétendre ?