Page:Busoni - Chefs-d’œuvre poétiques des dames françaises, 1841.djvu/260

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Celui-ci, par ses mœurs, par son intégrité,
Offre un parfait modèle à la postérité.
De ses nombreux clients, cet autre se décore ;
Mais, quel que soit l’éclat du faste qui l’honore,
Ici, la loi du sort réglant tout à son gré,
Confond le plus sublime et le plus bas degré
Dans l’urne spacieuse où chaque nom se place,
À la houlette on voit les sceptres réunis,
Et les rois, terrassés par leurs fiers ennemis,
S’éclipsent en suivant le berger à la trace.
Du coupable qui voit le glaive suspendu,
Des mets délicieux couvrent en vain la table
Ils ne lui donnent point, par leur saveur aimable,
Cette tranquillité que donne la vertu ;
Et le chant des oiseaux, ni le luth agréable,
Ne lui ramènent point le repos attendu.
Le doux repos chérit les demeures champêtres ;
Ces coteaux, ces vallons, où, même les zéphirs,
Respectent des bergers, couchés au pied des hêtres
Et le charme innocent et les riants plaisirs.
La mer tumultueuse, et ses noires tempêtes,
Les astres en courroux menaceroient nos têtes,
Sans pouvoir ébranler le mortel tempéré.
Par qui le superflu n’est jamais désiré.
À la grêle, aux frimats, la vigne abandonnée ;
Le sol trompeur, l’ormeau plaignant sa destinée[1],
Triste jouet des eaux ou du souffle brûlant
Qui vient de moissonner son plus fertile champ,
Rien ne peut ébranler son âme courageuse.
L’entrepreneur élève une masse orgueilleuse,
Et les poissons pressés par de lourds fondements,
Se sentent resserrés dans les flots écumants[2].

  1. … Arbore nunc aquas culpante.
  2. Contracta pisces æquora sentiunt.