Page:Busoni - Chefs-d’œuvre poétiques des dames françaises, 1841.djvu/262

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L’aîné, que l’âge rend timide,
Avec respect baise ma main ;
Mon front, flétri par le chagrin,
De son frère plus intrépide,
Reçoit un baiser enfantin ;
Et ma fille, qui vient de naître,
Gravissant sur mon traversin,
Au-dessous d’un voile de lin
Que sa bouche fait disparoître,
Imprime un baiser sur mon sein.
Quelle scène pour une mère !
Et quel instant pour le pinceau !
Dans ses ballets de caractère,
Jamais l’ingénieux Noverre
Ne dessina pareil tableau.
Dès lors mon esprit se rassure ;
Je sens un baume à ma blessure,
Et, baisant mes fils à mon tour,
Je vois que dans une âme pure,
Les doux baisers de la nature
Valent mieux que ceux de l’Amour.