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ÉPITRE
à m. helvétius,
sur son abdication de la place de fermier-général.


On a vu de fiers potentats,
Lassés de la grandeur suprême
Fouler aux pieds le diadème,
Et de la royauté fuir les vains embarras :
Mais on ne vit jamais, dans un bonheur extrême,
Un favori du dieu Plutus,
Pour les neuf filles de mémoire,
Quitter les quarante Crésus,
Dont un bon de Louis nous annonce la gloire.
Tu l’as compris, ô sage Helvétius !
Un mortel trop heureux, courbé sous la richesse,
Rampe toujours avec bassesse
Dans les fanges de l’Hélicon.
Les sages enfants d’Apollon
De l’opulence enchanteresse
Fuyent le dangereux poison.
Le fameux chantre d’Herminie
Fut riche dans sa poésie,
Mais très-pauvre dans sa maison ;
Et sans le secours de Mécène,
Malgré les faveurs d’Apollon,
Celui qui chanta Coridon,
Eût traîné ses jours dans la peine,
Et n’eût jamais chanté Didon.