Page:Busoni - Chefs-d’œuvre poétiques des dames françaises, 1841.djvu/295

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Je ne crains plus la pétulance
Des faunes indiscrets que trouve sur le soir
La bergère qui veut reposer sous les hêtres :
Quand on ne les craint plus, on cesse de les voir.
Adieu, divinités champêtres ;
Adieu, dryades et sylvains ;
Adieu, sylphes, charmans lutins,
Tous enfans de l’erreur, chers à la Poésie.
Je ne me livre plus à ces illusions,
Qui, sans tes vérités, triste philosophie,
Pourroient, jusques au bout, enchanter notre vie :
Oui, ces riantes fictions
Valent mieux mille fois que tes doctes leçons.

Je ne désire point les charmes
De la beauté, de la fraîcheur,
Ni des amans les soupirs, la langueur ;
Sans regret je verrois leurs larmes.
L’amour n’est fait, hélas ! que pour les jeunes gens.
Douces réalités, transports, tendres mystères
Sont les trésors de leur printems.
Ah ! de cet âge heureux, de ce précieux tems,
Je ne voudrois que les chimères.



VERS POUR UN BOSQUET
où devaient être placés le tombeau de son époux et le sien.


Bosquet silencieux, où la simple nature
Cache son sanctuaire et ne l’ouvre qu’à nous,
Aimable confident des entretiens si doux
Que nous dicta cent fois l’amitié la plus pure,
Tant que de mon époux le cœur palpitera