Page:Busoni - Chefs-d’œuvre poétiques des dames françaises, 1841.djvu/299

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Et qui, se cachant dans la nue,
Les séparent de l’univers.
Sous la voûte d’un roc dont la masse tranquille
Oppose à l’aquilon un rempart immobile,
Dans un majestueux repos,
Habite de ces bords la naïade sauvage ;
Son front n’est point orné de flexibles roseaux,
Et la pureté de ses eaux
Est le seul ornement qui pare son rivage.
J’ai vu ses flots tumultueux
S’échapper de son urne en torrent écumeux ;
J’ai vu ses ondes jaillissantes.
Se brisant à grand bruit sur des rochers affreux,
Précipiter leur cours vers des plaines riantes,
Qu’un ciel plus favorable éclaire de ses feux.
L’écho gémit au loin : Philomèle craintive
Fuit et n’ose sur cette rive
Faire entendre ses doux accens.
L’oiseau seul de Pallas, dans ces cavernes sombres,
Confond pendant la nuit, avec l’horreur des ombres,
L’horreur de ses lugubres chants.
Déesse de ces bords, ma timide ignorance
N’ose lever sur vous des regards indiscrets ;
Je ne veux point sonder les abîmes secrets
Où de l’astre du jour vous bravez la puissance,
Lorsque sa brûlante influence
Dessèche votre lit ainsi que nos guérêts.
Je ne demande point par quel heureux mystère
Chaque printems vous voit plus belle que jamais,
Tandis qu’au départ de Cérès
Vous nous offrez à peine une onde salutaire :
Expliquez-moi plutôt les nouveaux sentimens
Qui calment l’horreur de mes sens.
Quoi ! ces tristes déserts, ces arides montagnes,