Page:Busoni - Chefs-d’œuvre poétiques des dames françaises, 1841.djvu/30

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PORTRAIT DE BARBE DE VERRUE,
FAIT PAR ELLE-MÊME.


Du chef aux piedz j’ai de haltor
Plus que n’en fault pour n’estre briefve,
Et bien chemeine en senator,
Por ça, ne m’en cuydez plus griefve.

N’est faict mon teyn por esbloir,
Rose onc ne m’ha flory li genes ;
Et sienne Hébé, s’ay peu l’oir,
Choisy n’eust, en moy, Protogenes.

Feurent mes yelx trop pétillanz,
De veyne et d’amorose flame ;
Ors, plus dolcetz, meins scintillanz,
Disent la paiz qu’est en mon ame.

J’ay nez romain et front appert,
Grand, serain, sy que belle aurore ;
Bousche riante, à rose oppert
Du phyltre que mes sens irrore.

Por mon seyn (ne soict blan de neix),
Qui n’arsit, rien qu’à sa peincture ?
Donc est bieau ? non, maiz, comm’ phéneix,
Croy n’ha sien pair en la nature.

A moltz feust ma cosme ung lyen.
Jaçoit ne cheust neyre ne blonde ;
En quoy se mene ? Ha ! sçay trop bien !
Maiz ne vay le conter au monde.