Page:Busoni - Chefs-d’œuvre poétiques des dames françaises, 1841.djvu/307

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Ces mûriers, privés d’un ombrage
Que chaque jour voit revenir,
Nous rappellent que leur feuillage
Fut cueilli pour nous enrichir.
Ô sage et féconde nature !
Malheur à qui voit ta parure
Sans s’étonner ou s’attendrir !
Mais du haut du brûlant tropique,
Dès que le soleil moins oblique
Nous lance des feux trop ardens,
Dans notre demeure tranquille
Plus d’un amusement utile
Varie et remplit nos momens.
Tantôt des fils de Polymnie
Nous lisons les doctes chansons ;
Tantôt notre ame plus hardie
Ose demander des leçons
À la grave philosophie.
Des siècles passés, quelquefois,
Clio nous fait percer le voile ;
Quelquefois encore à nos doigts
L’aiguille obéit sur la toile.
Un entretien rempli d’attraits
Souvent interrompt notre ouvrage ;
L’amitié seule en fait les frais ;
La raison et le badinage
Tour à tour y mêlent leurs traits.
D’une ame tranquille et contente,
Ainsi, sans regrets ni désirs,
Nous atteignons l’heure charmante
Où le souffle heureux des zéphyrs
Rafraîchit la terre brûlante.
Le jour qui fuit de nos vallons
Nous lance ses derniers rayons.