Page:Busoni - Chefs-d’œuvre poétiques des dames françaises, 1841.djvu/315

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Qu’en vous ébauchant avant nous,
Le ciel, de notre honneur jaloux,
Pour la fin garda son prodige,
Et que la main du Créateur
Commença vite par la tige,
Pour donner ses soins à la fleur.


ÉPÎTRE AUX FEMMES.


Mon sexe parfois est injuste :
Mais j’absous ce sexe charmant ;
Il fut ainsi du temps d’Auguste,
C’est tenir à son sentiment.
Je voudrois le fléchir, sans doute ;
Pour des titres, j’en ai plus d’un ;
Mes traits n’ont rien que de commun ;
Je me tais, et même j’écoute…
N’importe, il me faut renoncer
À l’espoir flatteur de lui plaire ;
Auprès de lui j’aurois beau faire.
Tout en moi paroît l’offenser,
Et mes juges, dans leur colère,
M’ôtent jusqu’au droit de penser.
Un jour que j’étois bien sincère,
J’exerçai ma plume à tracer
Les charmes de leur caractère[1] :
Par-là, j’ai su les courroucer.
Cependant j’exalte ces dames ;
J’encourage leurs défenseurs ;
Je leur donne à toutes des ames ;

  1. Voir l’Épitre aux hommes, de 1772. Celle-ci est de 1773.