Page:Busoni - Chefs-d’œuvre poétiques des dames françaises, 1841.djvu/316

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Je chante leurs grâces, leurs mœurs,
Et leurs combats, et leur victoire ;
Je les compare aux belles fleurs
Qui des campagnes font la gloire :
Elles rejettent mon encens,
Et, ce qu’on aura peine à croire,
Me traitent, dans leur humeur noire,
Presque aussi mal que leurs amans.
Mes vers sont pillés, disent-elles ;
Non, Chloé n’en est pas l’auteur ;
Elle fut d’une pesanteur…
Le temps ne donne pas des ailes.
Mon Dieu ! reprend avec aigreur,
À coup sûr l’une des moins belles,
Jadis je la voyois le soir ;
Alors elle écrivoit en prose ;
Peut-être, hélas ! sans le savoir,
Et hasardoit fort peu de chose.
Mesdames, à ne point mentir,
Je prise fort de tels suffrages :
Mais craignez de m’enorgueillir
En me disputant mes ouvrages ;
Ne me donnez point le plaisir
De me croire un objet d’envie ;
Je triomphe quand vous doutez ;
Rendez-moi vite vos bontés,
Et je reprends ma modestie.