Page:Busoni - Chefs-d’œuvre poétiques des dames françaises, 1841.djvu/331

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Sciences, poésie, arts qu’ils nous interdisent,
Sources de voluptés qui les immortalisent,
Venez, et faites voir à la postérité
Qu’il est aussi pour nous une immortalité !
Mais déjà mille voix ont blâmé notre audace :
On s’étonne, on murmure, on s’agite, on menace.
On veut nous arracher la plume et les pinceaux ;
Chacun a contre nous sa chanson, ses bons mots
L’un, ignorant et sot, vient avec ironie
Nous citer de Molière un vers qu’il estropie ;
L’autre, vain par système et jaloux par métier.
Dit d’un air dédaigneux : Elle a son teinturier.
Des jeunes gens, à peine échappés du collège,
Discutent hardiment nos droits, leur privilège ;
Et leurs arrêts, dictés par la fatuité,
La mode, l’ignorance et la futilité,
Répétés en échos par ces juges imberbes,
Après deux ou trois jours sont passés en proverbes.
En vain l’homme de bien (car il en est toujours),
En vain l’homme de bien vient à notre secours,
Leur prouve de nos cœurs la force, le courage,
Leur montre nos lauriers conservés d’âge en âge,
Leur dit qu’on peut unir grâces, talens, vertus,
Que Minerve étoit femme aussi bien que Vénus :
Rien ne peut ramener cette foule en délire :
L’honnête homme se tait , nous regarde et soupire.

BOUTADE SUR LES FEMMES AUTEURS.

 
Qu’une femme auteur est à plaindre
Au diable soit le sot métier !
Qu’elle se fasse aimer ou craindre,
Chacun cherche à la décrier.