Page:Busoni - Chefs-d’œuvre poétiques des dames françaises, 1841.djvu/335

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

SUR LES FEMMES POLITIQUES.

Vous nous blâmez de parler politique ;
En vérité, messieurs, vous avez tort ;
Et laissant là tout esprit de critique,
Je veux tenter de nous mettre d’accord

Nous vous aimons, je me plais à le dire ;
Tout entre nous est commun ici-bas :
Or, quand le cœur, le sentiment inspire,
Pourquoi les goûts ne se suivroient-ils pas ?

Le bien public nuit et jour vous agite ;
Vous régentez, vous réglez l’univers...
Ce qui pour vous est un si grand mérite
Peut-il pour nous être un si grand travers ?

Quand avec nous votre esprit se déploie,
Ne pouvons-nous prendre aussi votre ton ?
Sommes-nous donc des enfans qu’on renvoie
Quand par hasard on veut parler raison ?

Il seroit beau pour un homme qu’enflamme
De son pays la gloire, l’intérêt,
De voir sourire ou s’étonner sa femme
Aux mots de loi, de guerre, de budget !

Peut-elle entendre avec indifférence
Ce que partout chacun sait discuter ?
Ne faut-il pas qu’elle ôte à sa dépense
Ce qu’à l’impôt elle voit ajouter ?