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DES DAMES FRANÇAISES.


MADAME DEFRANCE.


Madame Defrance, née Chompré, a mis en vers, sur la traduction de Gail, les odes d’Anacréon. Elle a aussi mis en vers les idylles de Jauffret, sur l’Enfance et l’Amour maternel.


AUX MANES D’UNE AMIE.


Toi que j’appelle en vain, toi qui n’es plus, hélas !
Sous le marbre fatal qu’une cendre insensible,
Au delà du cercueil, dans un séjour paisible,
Si tu vois les regrets qu’on te donne ici-bas,
Jouis, jouis des miens, ombre à jamais chérie !
De tes douces vertus connois tout le pouvoir :
Étrangère à ce monde où je n’ai plus d’amie,
Quand je ne t’y vois plus, je gémis de m’y voir.
Il est tant de mortels, fatigués de la vie,
Qui demandent aux dieux un éternel repos !
Ils traînent de longs jours, et tu nous es ravie !
Toi, qui vivais tranquille et consolais mes maux,
Ma peine est aujourd’hui ma seule jouissance ;
En m’occupant de toi, j’aime à l’entretenir ;
L’illusion du souvenir
Me rend quelquefois ta présence
Et mêle à ma douleur un rayon de plaisir.
Je crois me retrouver et te revoir encore
Sous tes simples bosquets, jadis si beaux pour moi.