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DES DAMES FRANÇAISES.


ÉLÉGIES MATERNELLES.



Hélas ! il est donc vrai, je suis seule ici-bas !
Dans tout ce que j’aimais j’ai subi le trépas.
Amie, épouse, fille et mère infortunée,
Par tous les sentimens à souffrir condamnée,
À peine je quittais les jeux de mon berceau,
Que déjà de mes pleurs j’arrosais un tombeau.
Ma faible adolescence, à l’abandon livrée,
Redemandait au ciel une mère adorée.
Je lui devais un cœur qu’elle aimait à former,
Tous mes vœux, mes plaisirs, le bonheur de l’aimer.
Sa raison toujours pure, et surtout sa tendresse,
Jusqu’au sein de la mort éclairaient ma jeunesse ;
Ses trop longues douleurs m’ont appris à souffrir,
Et ses derniers momens m’ont appris à mourir.
Ah ! malgré tous ses maux, du moins ma tendre mère
N’a perdu ses enfans qu’en perdant la lumière ;
J’étais entre ses bras, elle a vu ma douleur,
Et son dernier soupir est encor dans mon cœur.

Je n’ai depuis ce jour rencontré dans la vie
Que la douleur toujours de la douleur suivie.
Ah ! qu’il fut vain pour moi le rêve du bonheur !
Que le réveil fut prompt !... Dans l’ennui, la langueur.
Lasse de déplorer une longue misère,
J’aurais trouvé la mort ; mais, hélas ! j’étais mère