Nous pouvons dès lors entreprendre le récit de sa courte carrière. Ce qui nous y encourage d’ailleurs, c’est la sympathie profonde que nous avons toujours éprouvée pour lui : si nous n’avons pu la lui témoigner autant que nous l’aurions voulu, il la connut tout entière aux dernières heures de sa vie, et nous osons ajouter qu’il nous l’a rendue.
I
C’est à Lausanne, où son père était secrétaire du Département de l’agriculture, que naquit Ernest Bussy, le 28 août 1864. Il avait six ans et demi quand il perdit sa mère, tendrement aimée, et au souvenir de laquelle il a consacré des vers particulièrement touchants. Il fut pour celle qui, deux ans plus tard, vint la remplacer au foyer, le fils le plus dévoué, le plus tendre, et un véritable soutien lorsqu’à son tour le père fut enlevé par la maladie. Bussy était âgé de seize ans alors. Il avait été un bon petit élève de l’école primaire des Terreaux et avait traversé les classes du collège avec succès, sans que rien pourtant fit deviner en lui un talent exceptionnel.
Il s’est, croyons-nous, développé assez brusquement,