Page:Bussy - À mi-voix - Poésies inédites, 1888.djvu/12

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et ses camarades remarquèrent fort bien la transformation rapide qui s’opéra en lui. En quelques mois, — c’était en 1882, — l’enfant étourdi était devenu un jeune homme réfléchi, posé, d’une maturité plus avancée que celle de son âge. Un jour, dans une de ses leçons au Gymnase, M. Eugène Rambert lut à ses élèves des triolets qu’il loua fort, et qui portaient la signature d’Ernest Bussy. Ce fut, pour ceux qui n’avaient pas vécu dans son intimité durant les mois précédents, une révélation et une surprise.

Quelque temps après, le jeune étudiant entrait dans la Société de Belles-Lettres, la plus ancienne de nos sociétés académiques, vers laquelle il était attiré à la fois par ses goûts littéraires et par la perspective d’y retrouver ses meilleurs amis de collège. Il assiste régulièrement aux séances, présente des travaux, écrit des vers de circonstance pour toutes les fêtes, des prologues pour les soirées dramatiques.

Quand on lit le recueil de vers de Bussy, on a peine à se le représenter dans le cercle joyeux d’une société d’étudiants. C’est que, si sincères que soient ses poésies, elles sont loin de donner une idée complète de cette aimable nature, que devaient mûrir hâtivement l’épreuve et la maladie. Bussy avait de l’esprit, un