Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 1, éd. Boiteau, 1856.djvu/10

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

vi

Préface.


On ne s’informoit pas, pour chanter son histoire,
De quel or, sous quel toit. Lais avoit vécu.

Il suffisoit qu’elle eût la chevelure blonde :
La femme était Vénus ; un grand œil plein d’éclairs :
La femme étoit Minerve. O sagesse du monde !
Devant d’autres autels s’agenouillent nos vers.

Notre admiration se proclame éblouie
Par la splendeur des lois qui plaisent aux Césars.
Midas a des enfants ; la foule, recueillie,
Applaudit aux décrets de leur goût pour les arts.

Mieux valoit quand, le front ceint du parfum
Les poètes et l’art saluaient le soleil, [des roses,
Le printemps, le feuillage, et les femmes écloses,
Comme de jeunes fleurs, en leur temple vermeil.

Je sais bien que Phryné présage Messaline,
Que Jeanne Vaubernier déshonore Ninon ;
Mais devant la jeunesse il faut que l’on s’incline :
Vive qui sut aimer, et qu’importe son nom !

Voilà ce que disoit et pensait l’Ionie ;
Ses dieux avaient du moins quelque divinité.
On pardonne, je crois, ses crimes au génie :
De la même injustice honorons la beauté.

Mais je crains qu’on ne m’accuse d’une trop vive indulgence pour des courtisanes, et je me résigne à réfréner l’ambition de cette préface.
Toutefois je ne la convertirai pas en une étude préliminaire sur la vie et les œuvres de Bussy-Rabutin ; voici pour quelle raison : il me semble qu’une étude de ce genre doit être toujours faite de manière à l’emporter sur les études précédemment publiées ; il faut, de toute nécessité, qu’elle