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On ne s’informoit pas, pour chanter son histoire,
De quel or, sous quel toit. Lais avoit vécu.
Il suffisoit qu’elle eût la chevelure blonde :
La femme était Vénus ; un grand œil plein d’éclairs :
La femme étoit Minerve. O sagesse du monde !
Devant d’autres autels s’agenouillent nos vers.
Notre admiration se proclame éblouie
Par la splendeur des lois qui plaisent aux Césars.
Midas a des enfants ; la foule, recueillie,
Applaudit aux décrets de leur goût pour les arts.
Mieux valoit quand, le front ceint du parfum
Les poètes et l’art saluaient le soleil, [des roses,
Le printemps, le feuillage, et les femmes écloses,
Comme de jeunes fleurs, en leur temple vermeil.
Je sais bien que Phryné présage Messaline,
Que Jeanne Vaubernier déshonore Ninon ;
Mais devant la jeunesse il faut que l’on s’incline :
Vive qui sut aimer, et qu’importe son nom !
Voilà ce que disoit et pensait l’Ionie ;
Ses dieux avaient du moins quelque divinité.
On pardonne, je crois, ses crimes au génie :
De la même injustice honorons la beauté.
Mais je crains qu’on ne m’accuse d’une trop
vive indulgence pour des courtisanes, et je me
résigne à réfréner l’ambition de cette préface.
Toutefois je ne la convertirai pas en une étude
préliminaire sur la vie et les œuvres de Bussy-Rabutin ; voici pour quelle raison : il me semble
qu’une étude de ce genre doit être toujours faite
de manière à l’emporter sur les études précédemment publiées ; il faut, de toute nécessité, qu’elle