Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 1, éd. Boiteau, 1856.djvu/105

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de la campagne à la main droite ; mais il y avoit déjà quelque temps que sa blessure, quoique grande, ne l’empêchoit pas de se promener, lorsqu’il rencontra la comtesse dans les Tuileries : il étoit avec l’abbé Fouquet[1], ami particulier de cette dame, qui, croyant leur faire plaisir, les engagea dans une conversation tête à tête et les laissa seuls assez long-temps. Le comte ne parla point d’amour, mais il fit des mines et jeta des regards qui ne parlèrent que trop à la comtesse, qui en entendoit encore plus qu’il n’en vouloit dire. Cette conversation finit par une foiblesse qui prit au comte de Guiche, d’où le secours de la comtesse et de l’abbé le firent revenir.

Leurs opinions furent partagées sur la cause de cette foiblesse. L’abbé l’attribua à la blessure du comte, et la comtesse à sa passion. Il n’y a rien qu’une femme croie plus volontiers que

    t. 3, p. 326) ; carrière perdue, comme celle de tant de brillants personnages du temps de la Régence ! Sa disgrâce devoit pour long-temps se faire sentir à ses enfants. Bussy écrit : « Le roi ne voit pas d’ordinaire les enfants des exilés (comme les comtes de Limoges et les Jarzay) ». (Sév., 24 juin 1672.)

    La fin de l’histoire n’est pas gaie : « Jarzé étoit avec M. de Munster ; il a eu permission de se faire assommer et il y a bien réussi. Vous savez que Jarzé étoit aussi exilé. »

    Jarzay, exilé, avoit eu permission de se mêler aux combattants de la campagne de Hollande. À peine arrivé, une sentinelle le tua (Lettre de Pellisson du 19 juin 1672). Son petit-fils fut amputé du bras, en 1688, à Philipsbourg. Il y avoit trois ans qu’il avoit le régiment d’Hamilton (Sourches, t. 1, p. 48). On le voit, en 1708, ambassadeur d’un jour en Suisse (Saint-Simon, t. 6, p. 208).

  1. Basile Fouquet, mort en 1683. Il reparoîtra, plus puissant acteur et plus nécessaire à étudier.