Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 1, éd. Boiteau, 1856.djvu/110

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evient à la charge après avoir été battu ; cette recherche marque en lui une furieuse nécessité de vous aimer. » Comme ils alloient continuer cette conversation, il entra du monde qui l’interrompit, et Manicamp, étant sorti, alla un moment après conter à son ami ce qui venoit de se passer entre la comtesse et lui. Le comte de Guiche, ne croyant pas que le billet qu’il avoit écrit à la comtesse fût suffisant pour lui bien persuader son amour, en écrivit un autre qui l’exprimât plus clairement, et il en chargea Manicamp, qui, le lendemain, le portant à cette belle, le perdit par les chemins, de sorte qu’il retourna sur ses pas dire au comte de Guiche l’accident qui lui étoit arrivé. Celui-ci écrivit cette lettre à la comtesse :


BILLET.

Si vous étiez persuadée de mes sentimens, vous comprendriez aisément qu’on est mal satisfait d’un homme aussi peu soigneux que l’est Manicamp. Vous allez voir la plus grande querelle du monde si vous n’y mettez la main. Jugez ce que je sens pour vous, puisque je romps avec le meilleur de mes amis, sans retour de mon côté ; mais, comme il lui reste encore d’autres assistances, et que vous n’êtes pas si en colère que moi, j’ai peur qu’il ne me force de lui pardonner par votre entremise.


Manicamp alla chercher partout la comtesse, et l’ayant enfin trouvée chez madame de Bonnelle[1]

  1. Madame de Bonnelle, femme de Noël de Bullion, seigneur de Bonnelle, marquis de Gallardon, membre du parlement