Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 1, éd. Boiteau, 1856.djvu/109

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voir ? — Ah ! Madame, répliqua-t-il, je n’en sais que trop pour vous croire la plus ingrate femme du monde, et moi le plus malheureux de tous les hommes. » Comme il achevoit ces paroles, Manicamp entra, ce qui le fit sortir pour cacher le désordre où il étoit. « Qu’y a-t-il, Madame ? lui dit Manicamp ; je vous trouve tout embarrassée ? » La comtesse lui conta toute la tromperie du chevalier, et leur conversation ensuite ; et, après quelques discours sur ce sujet, Manicamp sortit. Presque à la même heure il rapporta ce billet de la part du comte de Guiche :


BILLET.

De peur que les faussaires ne me nuisent au jeu désagréablement, et que vous ne vous mépreniez au caractère et au style, je vous ai voulu faire connoître l’un et l’autre. Le dernier est plus difficile à imiter, étant dicté par quelque chose qui est au dessus de leurs sentimens.


La comtesse ayant lu ce billet : « Mon Dieu ! lui dit-elle, que votre ami est fou ! J’ai bien peur qu’il ne se fasse, et à moi aussi, des affaires dont nous n’avons pas besoin ni l’un ni l’autre. — Pourvu, Madame, lui répondit Manicamp, que vous vous entendiez bien tous deux, vous ne sçauriez avoir de méchantes affaires. — Mais, lui répondit la comtesse, il ne sçauroit prendre avec moi un autre parti que celui d’amant ? — Non, Madame, répliqua-t-il, cela lui est impossible, et ce qui vous le doit persuader, c’est qu’il r