Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 1, éd. Boiteau, 1856.djvu/123

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Guitaud par une fausse confidence, de peur qu’il n’apprît par d’autres voies la vérité de toutes choses : elle lui envoya donc la copie de la dernière lettre du comte de Guiche, et partit après

    en reçoit excitent la vanité et la présomption naturelle à en produire plusieurs tout de suite ; mais ce sont ou des monstres ou des avortons. On en rit soi-même pour les faire trouver bons ; mais personne n’en rit, parcequ’en effet ils ne sont pas bons.

    « Madame de Cornuel n’avoit pas un de ces défauts. Elle ne parloit point par vanité, mais par raison, et avec autant de jugement que d’esprit. Comme elle savoit que les véritables bons mots ne dépendent point de nous, elle se contentoit de les produire avec ce beau naturel qui en est comme la fleur, sans presque y toucher. Mais, comme il y a des influences du ciel qui tombent plus heureusement sur de certaines terres que sur d’autres, il semble aussi que les bons mots viennent aussi plus aisément à la bouche des personnes qui savent leur donner un beau tour et les bien exprimer. Tout ce que disoit madame de Cornuel, elle le disoit bien, et jamais pas une de ses paroles n’a été rejetée par les personnes d’un goût raffiné, parceque, outre qu’elles renfermoient toujours un grand sens, elles étoient toujours belles et bien choisies. C’étoit autant de sentences et de maximes, tenant en cela du génie des Salomon, des Socrate et des César, qui ne parloient que pour instruire ; génie grand et heureux qui s’est réveillé de nos jours dans MM. de La Rochefoucauld et Pascal, et enfin dans madame de Cornuel, qui auroit dû écrire ses sentences et ses maximes, si, comme les oracles, elle ne s’étoit contentée de dire les vérités et les laisser écrire aux autres. »

    L’éloge est en règle ; il n’est pas au dessus du sujet. Je ne puis songer à enregistrer maintenant ces mots excellents, et me bornerai à dresser la liste d’indications dont j’ai parlé : Titon du Tillet (Parnasse françois) ; Tallemant des Réaux (chap. 299) ; Paulin Paris (Notes aux Lettres, t. 5, p. 139) ; Sévigné (t. 3, p. 31, édit. Didot, t. 3, p. 47) ; Vigneul de Marville (t. 1, p. 341, Recueil d’ana) ; La Place (Pièces curieuses, t. 3, p. 377) ; Conrart (p. 270) ; Le Père Brottier (Paroles mémorables, p. 85) ; Sévigné (8 septembre 1680, 11 septembre 1676, 7 octobre 1676, 16 mars 1672, 6 mai 1672, 17 avril 1676) ; Quatremère de Quincy (Ninon de Lenclos) ;