Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 1, éd. Boiteau, 1856.djvu/127

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Manicamp à Paris, qui en étoit sorti la veille avec le comte de Guiche pour suivre le roi en son voyage de Lyon[1], il ne la reçut qu’en arrivant à la cour ; ils n’en pensèrent ni plus ni moins à l’avantage de la comtesse.

Pendant que tout cela se passoit, l’affaire de Marsillac avec madame d’Olonne alloit son chemin, cet amant la voyant le plus commodément du monde, la nuit chez elle, le jour chez mademoiselle Cornuel, fille aimable de sa personne et de beaucoup d’esprit. Madame d’Olonne avoit dans la ruelle de son lit un cabinet, au coin duquel elle avoit fait faire une trappe qui répondoit dans un autre cabinet au dessous, où Marsillac entroit quand il étoit nuit ; un tapis de pied cachoit la trappe et une table la couvroit. Ainsi Marsillac, passant les nuits avec madame d’Olonne, selon le bruit commun, ne perdoit pas son temps ; cela dura jusqu’à ce qu’elle alla aux eaux[2], auquel temps Marsillac, qui lui écrivoit mille lettres qu’on ne rapporte point ici parcequ’elles n’en valent pas la peine, lui écrivit cette lettre un jour avant que de lui dire adieu :


LETTRE.

Je n’ai jamais senti une douleur si vive que celle que je sens aujourd’hui, ma chère, parceque je ne vous ai point encore quittée depuis que nous nous aimons ; il n’y a que l’absence, et encore la première absence de ce

  1. En 1658, vers la fin de l’année.
  2. La mode d’aller aux eaux n’est pas nouvelle. On les aimoit extrêmement au XVIIe siècle. J’en pourrois donner beaucoup