de réputation. Biissy-Rabutin la lisoit lui-même,
et très volontiers, à ses amis intimes. La marquise de La Baume, une vilaine femme, belle de
visage, que tous les contemporains ont maltraitée, la lui ayant empruntée, en fit faire une copie
secrète, puis une autre. En vain Bussy voulut-il lui rappeler la promesse solennelle qu’elle lui
avoit faite de ne pas abuser du prêt ; en vain mit-il tout en œuvre pour détruire les fatales copies,
l’histoire fit son chemin sous le manteau. Ce fut
une explosion de murmures.
Bussy n’étoit déjà pas très bien auprès du roi,
de ses ministres et de ses principaux confidens ;
il avoit même paru un moment compromis pour
quelques relations d’affaires qu’il avoit eues avec
Fouquet. Le succès terrible de son pamphlet enhardit tous ses ennemis ; mais ce qui lui donna le
coup de grâce, ce fut la publication en Hollande,
et par le fait de madame de La Baume, de l’ His-
toire amoureuse des Gaules. Une clef étoit jointe
au texte. Jamais scandale n’eut plus d’éclat et un
éclat plus rapide. Condé étoit à la tête de ceux
qui juroient la perte et la mort du coupable. Il
fallut que le roi prît parti. Bussy étoit déjà à demi
disgracié ; toutefois il venoit d’être reçu à l’Aca-
démie françoise, et y avoit même prononcé un
discours très cavalier. Le 17 avril 1665 il fut mis
à la Bastille.
Il y resta treize mois, et ne sortit que pour être
exilé en Bourgogne.
Les éditions du pamphlet se succédoient rapi-
dement et se falsifioient. On avoit eu l’idée d’in-
tercaler dans le texte, après le récit de la fête de
Roissy, ce cantique fameux et de toutes manières
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Preface