Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 1, éd. Boiteau, 1856.djvu/139

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Pendant qu’ils furent séparés, madame d’Olonne et Marsillac, ils s’écrivirent fort souvent ; mais, comme il n’y a rien de remarquable, je ne parlerai point de leurs lettres, qui ne parloient de leur amour et de leur impatience de se voir que fort communément. Madame d’Olonne revint la première à Paris. Le comte de Guiche, pendant le voyage de Lyon, persuada à Monsieur[1], frère du

  1. M. le duc d’Anjou auroit pu prétendre au rôle des Candale et des Guiche ; mais il préféra aux belles quelques uns de ses amis. Madame de Motteville l’a peint lorsqu’il étoit encore jeune (1647, t. 2, p. 267) : « Il seroit à souhaiter, dit-elle, qu’on eût travaillé à lui ôter les vains amusemens qu’on lui a soufferts dans sa jeunesse. Il aimoit à être avec des femmes et des filles, à les habiller et à les coiffer ; il sçavoit ce qui seyoit à l’ajustement mieux que les femmes les plus curieuses, et sa plus grande joie, étant devenu grand, étoit de les parer et d’acheter des pierreries pour prêter et donner à celles qui étoient assez heureuses pour être ses favorites. Il étoit bien fait ; les traits de son visage paroissoient parfaits ; ses yeux noirs étoient admirablement beaux et brillans, ils avoient de la douceur et de la gravité ; sa bouche étoit semblable en quelque façon à celle de la reine, sa mère ; ses cheveux noirs, à grosses boucles naturelles, convenoient à son teint, et son nez, qui paraissoit devoir être aquilin, étoit alors assez bien fait. On pouvoit croire que, si les années ne diminuoient point la beauté de ce prince, il en pourroit disputer le prix avec les plus belles dames ; mais, selon ce qui paroissoit à sa taille, il ne devoit pas être grand. » Il ne le fut pas en effet, et sa figure s’épaissit un peu ; mais il n’en fut pas moins beau à la façon des efféminés. Il eut de temps en temps des velléités d’amour naturel, mais jamais elles ne durèrent. Madame d’Olonne, et, un peu plus tard, la gracieuse et plaintive duchesse de Roquelaure, faillirent être aimées. Pour ce qui est de madame d’Olonne, mademoiselle de Montpensier (t. 3, p. 405 ; 1659) vient en aide à Bussy et développe son texte : « Comme le roi fait toujours la guerre à Monsieur, un jour il lui demandoit : « Si vous eussiez été roi, vous auriez été bien embarrassé ; madame de Choisy et madame de Fienne ne se seroient pas accordées, et vous n’auriez