Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 1, éd. Boiteau, 1856.djvu/141

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faire avoir bientôt contentement. Le prince avoit promis au comte de Guiche de faire les pas nécessaires pour embarquer la dupe, de sorte que, dans

    avec lui (t. 1, p. 300) et qu’il ne vouloit pas être dérangé pendant son sommeil. Il étoit superstitieux (t. 2, p. 276), et Madame le surprit à promener des médailles bénites, la nuit, sur les diverses parties de son corps de la santé desquelles il doutoit.

    Il n’est pas probable que ce soit Madame qui ait tort (t. 1, p. 402), et les libelles ou les couplets qui aient raison, lorsqu’elle dit : « La maréchale de Grancey étoit la femme la plus sotte du monde. Feu Monsieur feignit d’être amoureux d’elle ; mais si elle n’avoit pas eu d’autre amant, elle auroit certes conservé toute sa bonne renommée. Il ne s’est jamais rien passé de mal entre eux. Elle-même disoit que, s’il venoit à se trouver seul avec elle, il se plaignoit aussitôt d’être malade : il prétendoit avoir mal de tête ou mal de dents. Un jour la dame lui proposa une liberté singulière : Monsieur mit vite ses gants. J’ai vu souvent qu’on le plaisantoit à cet égard, et j’en ai bien ri. Cette Grancey avoit une fort belle figure et une belle taille lorsque je vins en France, et tout le monde n’avoit pas pour elle le même dédain que Monsieur, car, avant que le chevalier de Lorraine ne fût son amant, elle avoit déjà eu un enfant. »

    La femme défend bien son mari. Mieux vaudroit pour lui qu’elle pût se plaindre. Elle ne le flatte pas, d’ailleurs, et raconte parfaitement (27 janvier 1720) tous ses travers : « Feu Monsieur aimoit beaucoup les bals et les mascarades ; il dansoit bien, mais c’étoit à la manière des femmes ; il ne pouvoit danser comme un homme, parcequ’il portoit des souliers trop hauts. »

    Achevons avec dix lignes de Saint-Simon (t. 3, p. 170) :

    « Monsieur, qui, avec beaucoup de valeur, avoit gagné la bataille de Cassel, et qui en avoit montré toujours de fort naturelle en tous les siéges où il s’étoit trouvé, n’avoit d’ailleurs que les mauvaises qualités des femmes. Avec plus de monde que d’esprit et nulle lecture, quoique avec une connoissance étendue et juste des maisons, des naissances et des alliances, il n’étoit capable de rien. Personne de si mou de corps et d’esprit, de plus foible, de plus timide, de plus trompé, de plus gouverné, ni de plus méprisé par ses favoris, et très souvent de plus mal mené par eux. »