Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 1, éd. Boiteau, 1856.djvu/146

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Quoi qu’on veuille dire contre les femmes, il y a souvent plus d’imprudence que de malice dans leur conduite. La plupart ne pensent plus, quand on leur parle d’amour, qu’elles ne doivent jamais aimer ; cependant elles vont plus loin qu’elles ne pensent ; elles font des choses quelquefois, croyant qu’elles seront toujours cruelles, dont elles se repentent fort quand elles sont devenues plus humaines. La même chose arriva à madame d’Olonne. Elle eut un chagrin insupportable d’avoir manqué le cœur du prince après l’avoir compté parmi ses conquêtes. Cherchant quelqu’un à qui s’en prendre pour amuser sa douleur, elle ne trouva rien de plus vraisemblable à croire sinon que le comte de Guiche, pour son propre intérêt, l’avoit empêché de l’aimer : de sorte que, tant pour se venger de lui que pour rassurer Marsillac, que toute cette intrigue avoit alarmé, elle lui sacrifia la lettre du comte de Guiche, sans considérer que l’amour peut-être l’obligeroit à faire la même chose des lettres de Marsillac. Celui-ci, à qui madame d’Olonne donnoit tant de faveurs, en usa comme on fait d’ordinaire quand on est

    même grosseur et de même couleur qu’elles avoient été à vingt-cinq ans. »

    Décidément elle n’avoit pas été laide. Écoutons madame de Motteville en 1644 (t. 2, p. 71) : « Il y avoit un plaisir non pareil à la voir coiffer et habiller. Elle étoit adroite, et ses belles mains, en cet emploi, faisoient admirer toutes leurs perfections. Elle avoit les plus beaux cheveux du monde ; ils étoient fort longs et en grande quantité, qui se sont conservés long temps sans que les années aient eu le pouvoir de détruire leur beauté…..

    «….. Après la mort du feu roi elle cessa de mettre du rouge, ce qui augmenta la blancheur et la netteté de son teint. »