Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 1, éd. Boiteau, 1856.djvu/145

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à l’inclination que j’ai pour vous. Je ne doute pas, Madame, que la différence ne vous choque d’abord ; mais défaites-vous de votre ambition, et vous ne vous trouverez pas si misérable que vous pensez. Je suis assuré que, quand le dépit vous aura jetée entre mes bras, l’amour vous y retiendra.

    p. 40, 337), ceux de Retz, les Lettres de Madame, et la Correspondance même de Mazarin (Lettres inédites, publiées par M. Ravenel, p. 491), maintiennent l’opinion générale. Madame, dont il ne faut pas se défier obstinément, et qui a pu être bien instruite, dit en propres termes (27 septembre 1718) : « La reine-mère, veuve de Louis XIII, a fait encore bien pis que d’aimer le cardinal Mazarin : elle l’a épousé. Il n’étoit pas prêtre, et n’avoit pas les ordres qui pussent empêcher de se marier. »

    C’est encore Madame (16 avril 1718) qui dit : « La reine-mère avoit l’habitude de manger énormément quatre fois par jour. » Si cela est, ses enfants ont tenu d’elle. Mais il faut finir par quelque morceau de panégyrique. Madame de Motteville s’offre à nous pour cette besogne, qui lui a tant plu.

    Vers les derniers moments de la vie de la reine, quand son affreuse maladie redoublait de pourriture, madame de Motteville fait un retour sur le passé (t. 5, p. 248) : « La grandeur de sa naissance l’avoit accoutumée à l’usage des choses délicieuses qui peuvent contribuer à l’aise du corps, et sa propreté étoit sur cela si extrême, qu’on pouvoit s’étonner doublement quand on voyoit que sa vertu la rendoit si dure sur elle-même. Selon ses inclinations naturelles et selon la délicatesse de sa peau, ce qui étoit innocemment délectable lui plaisoit ; elle aimoit les bonnes senteurs avec passion. Il étoit difficile de lui trouver de la toile de batiste assez fine pour lui faire des draps et des chemises, et, avant qu’elle pût s’en servir, il falloit la mouiller plusieurs fois pour la rendre plus douce. »

    Elle s’étoit maintenue propre et agréable fort long-temps. En 1661, sa fidèle amie (t. 5, p. 112) l’affirme : « Quoique elle approchât alors de soixante ans, elle étoit encore aimable, et, sans flatterie, on pouvoit dire qu’elle avoit de grandes beautés. Outre qu’elle avoit de la fraîcheur sur le visage, ses belles mains et ses beaux bras n’avoient rien perdu de leur perfection, et les belles tresses de ses cheveux étoient de