Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 1, éd. Boiteau, 1856.djvu/148

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rencontres. « Mon cœur ne me dit pas beaucoup de choses en faveur du comte, reprit madame d’Olonne, et ma raison m’en dit mille contre lui : c’est un étourdi que je n’aimerai jamais. » En disant ces mots elle prit congé de la comtesse, sans attendre sa réponse.

D’un autre côté, le comte de Guiche étant retourné à son logis, il rencontra Vineuil, qui l’attendoit dans une impatience extrême de sçavoir l’état de ses affaires. Le comte de Guiche lui dit assez froidement qu’il croyoit que tout étoit rompu, de la manière dont madame d’Olonne le traitoit ; et, comme Vineuil vouloit savoir le détail de la conversation, le comte de Guiche, qui avoit peur de se découvrir, changeoit de propos à tous momens. Cela donna quelques soupçons à Vineuil, qui étoit fin et amoureux de madame d’Olonne, et qui ne se mêloit des affaires du comte de Guiche que pour se prévaloir auprès de sa maîtresse des choses qu’il auroit apprises. Il sortit, voyant qu’il ne découvroit rien, et fut trois jours durant dans des inquiétudes mortelles de ne pouvoir apprendre ce qu’il soupçonnoit et qu’il vouloit sçavoir. Assurément il alloit chez Fiesque avec un visage de favori disgracié depuis qu’il voyoit que le comte de Guiche ne lui donnoit plus de part dans l’honneur de sa confidence ; il n’en disoit rien à cette belle, pour ne se pas décréditer en montrant son malheur.

Enfin, au bout de trois jours, étant allé chez le comte de Guiche : « Qu’ai-je fait, Monsieur, lui dit-il, qui vous ait obligé de me traiter ainsi ? Je vois bien que vous vous cachez de moi sur l’affaire de madame d’Olonne ; apprenez-m’en la