Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 1, éd. Boiteau, 1856.djvu/182

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femme de Gaspard, duc de Châtillon[1], avoit les yeux noirs et vifs, le front petit, le nez bien fait, la bouche rouge, petite et relevée, le teint comme il lui plaisoit ; mais d’ordinaire elle le

    qu’il accepte (Tallem., chap. 202, t. 6, p. 178). Il est assidu auprès de Condé, son parent. En 1649 il fait partie de la confédération des nobles contre les tabourets de quelques duchesses (Mottev., t. 3, p. 375) ; il figure chez Renard à côté de Jarzay (La Rochefoucauld, p. 431) et provoque Beaufort, qui refuse de se battre avec lui, le 23 janvier 1650. Il aimoit alors la belle et jeune marquise de Gouville ; mais le temps des amours tranquilles étoit passé : il faut qu’il combatte pour Condé. Il s’enferme alors dans Bellegarde avec Tavannes. La ville est dégarnie ; qu’importe ? « Ils arborent sur le rempart (Désormeaux, Vie de Condé, t. 2, p. 351) un drapeau blanc, semé de têtes de morts, pour annoncer qu’ils étoient bons François, mais qu’ils se défendroient jusqu’au dernier soupir. » C’est là l’apprentissage du futur tapissier de Notre-Dame. Il partage la fortune de Condé chez les Espagnols ; il est fait prisonnier après l’engagement de Furnes (Montglat, p. 331). Il se marie, le 17 mars 1661, avec l’héritière de Piney-Luxembourg.

    Sa jeunesse, si agitée, ne ressemble pas entièrement à celle des langoureux Guiche et Candale ; d’ailleurs, il avoit le malheur d’être contrefait. On a toutefois écrit avec beaucoup d’abondance l’Histoire des amours du maréchal de Luxembourg (1695).

    Saint-Simon, qui ne l’a point connu jouvenceau et qui ne peut lui pardonner ce qu’il a fait pour passer du dix-huitième rang des pairs au second (chap. 9, 1694), a plus d’une fois taillé pointue sa plume pour dire de lui le mal qu’il en pensoit. Ce n’en fut pas moins, lorsque l’heure arriva, l’un de nos plus habiles capitaines. Saint-Simon l’avoue, au reste (t. 1, p. 144) : « Rien de plus juste que le coup d’œil de M. de Luxembourg, rien de plus brillant, de plus avisé, de plus prévoyant que lui devant les ennemis ou un jour de bataille, avec une audace, et en même temps un sang-froid qui lui laissoit tout voir et tout prévoir au milieu du plus grand feu et du danger du succès le plus imminent ; et c’étoit là où il étoit grand. Pour le reste, la paresse même. »

    Luxembourg est mort le 4 janvier 1695 (V. Dangeau). Sa

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