pria de se déporter de son amour, puisqu’il n’avoit pour but que la galanterie, et que lui songeoit au mariage. Le prince, parent et ami de Coligny, ne put honnêtement lui refuser sa
- Ventadour et Mecklembourg
- Sont toujours tout seuls au cours ;
- Ce n’est pas que l’amour
- Leur tracasse la cervelle,
- Mais c’est qu’à la cour
- On les fuit comme des ours.
- Il a bien fait, s’il faut que l’on m’en croye.
qu’elle. Il est mort à La Haye en 1692 (Saint-Simon, Notes à Dangeau, t. 2, p. 273). Il étoit rêveur, et sa femme lui donna de quoi rêver. Madame de Sévigné nous apprend (30 décembre 1672) qu’on se moquoit de lui volontiers. Madame (28 août 1719) dit : « C’étoit un singulier personnage que ce prince. Il étoit bien élevé, il apprécioit fort bien les affaires, il raisonnoit avec justesse ; mais, dans tout ce qu’il faisoit, il étoit plus simple qu’un enfant de six ans. »
Et le reste.
Il y avoit une chanson ainsi tournée :
Laissons ce malheureux, qui n’a pas mérité son sort, et qu’après tout il ne faut pas plaindre s’il a tenu absolument à posséder la brillante madame de Châtillon.
De très bonne heure, mademoiselle de Boutteville s’étoit montrée encline à l’amour. D’abord elle s’imagine que Condé l’adore (1644). Condé faisoit semblant de l’aimer par ordre de mademoiselle du Vigean, qu’il aimoit en réalité (Motteville, t. 2, p. 130). Elle n’a que dix-neuf ans quand Coligny l’enlève. Ce fut une scène de mélodrame : un suisse de madame de Valençay, sa sœur, y périt vertueusement. La mère poussoit des cris de Rachel désespérée. Un amant évincé, Brion, faisoit chorus. Voiture n’y vit pas de mal (Œuv., t. 2, p. 174), et dit du ravisseur, dans un rondeau que nous approuvons :
On parloit beaucoup alors de la beauté de mademoiselle de Guerchy. Madame de Châtillon apprit avec une grande joie que le jeune prince de Galles la jugeoit plus belle que sa rivale (Montp., t. 2, p. 1, 1647) ; mais M. de Châtillon