Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 1, éd. Boiteau, 1856.djvu/205

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fit ce couplet de chanson sous le nom de son mari :


Châtillon, gardez vos appas
Pour une autre conquête.
Si vous êtes prête,
Le roi ne l’est pas ;
Avec vous il cause,
Mais, en vérité,
Il faut bien autre chose
Pour votre beauté
Qu’une minorité.

Dans tous ces petits jeux, le duc de Nemours ne perdit pas son temps. Il n’y en avoit guère où la duchesse et lui ne se donnassent des témoignages de leur amour ; et, à mesure que la passion

    certaine jalousie l’ayant porté à faire des couplets de chansons fort médisants contre des filles de la reine-régente, il fut chassé de la cour pour ce sujet. Mais, comme la reine l’aimoit et le trouvoit réjouissant, elle fit sa paix et obtint de ses filles qu’il seroit rappelé. Une d’entre elles, qui n’y consentoit pas de bon cœur, ne pouvant résister à une semblable intercession, prit le parti de se venger par les armes dont elle avoit été attaquée, et fit ce quatrain contre lui :

    Revenez, revenez, beau faiseur de chansons ;
    La reine a commandé que l’on vous les pardonne,
    Pourvu que votre rousse et suante personne
    Change pendant l’été plus souvent de chaussons.
    (Sénecé, éd. elzev., t. 1, p. 313.)
    Ce bel esprit eut trois talents divers
    Qui trouveront l’avenir peu crédule :
    De plaisanter les grands il ne fit point scrupule,
    Sans qu’ils le prissent de travers ;
    Il fut vieux et galant sans être ridicule,
    Et s’enrichit à composer des vers.
    (Sénecé, t. 1, p. 254.)

    Benserade demeuroit au Louvre au moment où nous en sommes (Prét., t. 1, p. 46).