Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 1, éd. Boiteau, 1856.djvu/208

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

à prix, crut qu’une des choses qui pouvoient le plus avancer ce succès étoit la prise de Charenton, que Clanleu[1] gardoit avec cinq ou six cents hommes. Il rassembla une partie des quartiers, et avec mille hommes, à la tête desquels voulut se mettre Gaston de France[2], oncle du roi, lieutenant général de la Régence, il vint attaquer Charenton par trois endroits. Comme il n’y avoit que des retranchements assez mauvais aux avenues, il ne fut pas difficile aux troupes du roi de les forcer ; mais le duc de Châtillon, qui commandoit

  1. Walckenaër (t. 1, p. 190) l’appelle le marquis de Chaulieu. Il avoit été le compagnon d’armes de Bussy en 1638 (Mém., t. 1, p. 54) et avoit été à Monsieur, comme on disoit (Montp., t. 2, p. 47). Il se vit entraîné dans la Fronde, combattit et mourut à Charenton en 1649 (février).

    « Clanleu, qui la commandoit, y fut tué, se défendant vaillamment, refusant la vie qu’on lui voulut donner, et disant qu’il étoit partout malheureux et qu’il trouvoit plus honorable de mourir en cette occasion que sur un échafaud. » (Mott., t. 1, p. 181.)

    Les pièces 679, 680, 681, 682, 683, 691, du tome 2 du catalogue de la Bibl. nat., ont rapport à cette mort regrettable. La dernière (nº 691) lui donne le titre de baron.

  2. Gaston d’Orléans « a toujours eu l’esprit un peu page » (Tallem. des R., t. 2, p. 290). On cite vingt plaisanteries de ce prince qui ressemblent à de grosses malpropretés. « Les princes sont des animaux qui ne s’échappent que trop. » C’est Tallemant (t. 2, p. 49) qui le dit, et il y aura du monde pour le croire. Gaston fut un animal plein de la plus cruelle vanité. C’est celui-là qui tenoit à l’étiquette chez lui ; c’est celui-là qui parle à chaque instant de faire jeter le monde par les fenêtres. Et il n’étoit pas méchant.

    « Il étoit aimable de sa personne. Il avoit le teint et les traits du visage beaux ; sa physionomie étoit agréable, ses yeux étoient bleus, ses cheveux noirs. » (Mott., t. 2, p. 233.)

    Gaston étoit même assez bon prince quelquefois. À quoi bon rappeler la triste figure qu’il a faite en politique ? Ses amours et ses amourettes sont nombreux.