Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 1, éd. Boiteau, 1856.djvu/207

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Je vous en donne avis et vous supplie très humblement d’y prendre garde : car, si, vous reposant sur la netteté de votre conscience, vous négligez trop votre réputation, monsieur votre mari pourroit se porter à des violences contre vous qui ne vous laisseroient pas en état de lui faire voir votre innocence.—Ce que vous me dites, Monsieur, lui répliqua madame de Châtillon, ne me doit pas surprendre ; monsieur le duc m’a de bonne heure accoutumée à ses caprices. Dès le lendemain qu’il m’eut épousée, il prit une si furieuse jalousie de Roquelaure, qui l’avoit servi en mon enlèvement, qu’il ne la put cacher, et cependant on ne lui en peut pas donner moins de sujet que nous avions fait. Aujourd’hui le voici qui recommence à prendre des soupçons. Je ne sçaurois encore deviner sur qui ils tombent ; tout ce que je vous puis dire, c’est que je doute qu’il eût là-dessus l’esprit en repos quand je serois à la campagne et que je ne verrois que mes domestiques.—Je n’entre pas, Madame, reprit cet ami, dans un plus long détail avec vous ; je ne sçais même si monsieur votre mari regarde quelqu’un, quand il me témoigne de n’être pas satisfait de vous ; mais vous pouvez, sur ce que je vous dis, prendre des mesures pour votre conduite. » Et là-dessus, ayant pris congé d’elle, il la laissa dans des inquiétudes épouvantables. D’abord elle en avertit le duc de Nemours, avec qui elle résolut qu’ils se contraindroient plus qu’ils n’avoient fait par le passé.

Cependant monsieur le Prince, qui ne songeoit qu’à réduire le peuple de Paris par la faim, à livrer le Parlement, qui avoit mis la tête du Cardinal