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Preface
xvii
III.

Copie d’une lettre écrite au duc de Saint-Aignan

par le comte de Bussy [1].
Du 12 novembre 1665.

« Monsieur,

« Les témoignages que les gens de bien doivent à la vérité, à leurs amis et à leur réputation, m’obligent aujourd’hui, Monsieur, de vous éclaircir de ma conduite et du sujet de ma disgrâce. Ne vous attendez pas à une justification : je suis trop sincère pour m’excuser quand j’ai tort, et c’est tout ce que je pourrai gagner sur la douleur que j’ai de ma faute, et le dépit contre moi-même, de ne me pas faire devant vous plus coupable que je ne suis.

« Pour entrer donc en matière, je vous dirai, Monsieur, qu’il y a cinq ans, ne sçachant à quoi me divertir à la campagne où j’étois, je justifiai bien le proverbe que l’ oisiveté est mère de tout vice : car je me mis à écrire une histoire, ou plutôt un roman satyrique, véritablement sans dessein d’en faire aucun mauvais usage contre les intéressés, mais seulement pour m’occuper alors, et tout au plus pour le montrer à quelques-uns de mes bons amis, leur en donner du plaisir et m’attirer de leur part quelque louange de bien écrire.

  1. I. Cette lettre est fort habilement faite. Elle dit la vérité avec tous les ménagements et tous les adoucissements néces- saires. Bussy va même jusqu’à s’accuser de trop d’imagina- tion. Nous verrons à quoi nous en tenir. HiSt. am. — I. 2*