Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 1, éd. Boiteau, 1856.djvu/216

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après, et les officiers du prince se jetèrent dans Bellegarde. Madame de Châtillon s’attacha

    (Recueil de la Place, t. 7, p. 88.) Plus tard, elle travailla en vain à protéger celui qui l’avoit flattée si peu.

    Nous pourrions tout uniment renvoyer le lecteur au livre de M. Cousin, qui est un ardent panégyrique ; du moins nous ne traînerons pas la note en longueur.

    L’affaire dramatique, dans cette vie si occupée, c’est, en 1643, le duel de Maurice, comte de Coligny, frère de notre Châtillon, contre le duc de Guise. Madame de Motteville (t. 2, p. 44) en a parlé suffisamment.

    Tallemant des Réaux (Historiette de Sarrazin) dit que madame de Longueville aima Charles de Bourdeilles, comte de Mastas en Saintonge : c’est le Matha des Mémoires de Grammont, mort en 1674. Je ne sais si on peut dire qu’elle aima son frère Conti. Celui-ci, du moins, a conçu pour elle une passion très vive. M. de Longueville, à qui d’autres sont plus favorables, « avoit la mine basse », si l’on en croit M. de *** (p. 470), « et n’avoit dans sa personne aucun des agréments qui peuvent plaire aux femmes. » Ce même M. de *** dit de madame de Longueville : « Le duc de Châtillon avoit eu ses premières inclinations, et comme ce duc, après son mariage, n’eut plus pour elle les mêmes empressements, elle conserva toujours contre la duchesse une haine secrète. »

    Et M. Cousin (2e édit., p. 28) : « Elle a pu être touchée du dévoûment de Coligny, qui donna son sang pour la venger des outrages de madame de Montbazon ; elle prêta un moment une oreille distraite aux galanteries du brave et spirituel Miossens ; plus tard, elle se compromit un peu avec le duc de Nemours ; mais elle n’a aimé véritablement qu’une seule personne : La Rochefoucauld ; elle s’est donnée à lui tout entière ; elle lui a tout sacrifié, ses devoirs, ses intérêts, son repos, sa réputation. Pour lui elle a joué sa fortune et sa vie ; elle est entrée dans les conduites les plus équivoques et les plus contraires. C’est La Rochefoucauld qui l’a jetée dans la Fronde. »

    Madame de Longueville, née le 27 août 1619, a été réellement une femme d’une très grande beauté. En 1647, madame de Motteville (t. 2, p. 240) fait son portrait avec un certain enthousiasme : « Quoiqu’elle eût eu la petite vérole depuis la régence et qu’elle eût perdu quelque peu de la perfection de son teint, l’éclat de ses charmes attiroit toujours l’inclination