Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 1, éd. Boiteau, 1856.djvu/217

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

auprès de madame la Princesse douairière[1], et mit dans ses intérêts le duc de Nemours, son amant.

    de ceux qui la voyoient ; et surtout elle possédoit au souverain degré ce que la langue espagnole exprime par ces mots de donayre brio y bizaria (bon air, air galant) ; elle avoit la taille admirable, et l’air de sa personne avoit un agrément dont le pouvoir s’étendoit même sur notre sexe. Il étoit impossible de la voir sans l’aimer et sans désir de lui plaire. Sa beauté, néanmoins, consistoit plus dans les couleurs de son visage que dans la perfection de ses traits. Ses yeux n’étoient pas grands, mais beaux, doux et brillants, et le bleu en étoit admirable : il étoit pareil à celui des turquoises. Les poètes ne pouvoient jamais comparer aux lis et aux roses le blanc et l’incarnat qu’on voyoit sur son visage, et ses cheveux blonds et argentés, et qui accompagnoient tant de choses merveilleuses, faisoient qu’elle ressembloit beaucoup plus à un ange que non pas à une femme. »

    On a une lettre de mademoiselle de Vandy (Manuscrits de Conrart, t. 8, p. 145) où il est dit qu’elle a un « teint de perle, l’esprit et la douceur d’un ange ». Le mot ange se retrouve ailleurs encore. Félicitons-en M. de La Rochefoucauld.

    Madame de Longueville a été précieuse. C’est tantôt Léodamie (Somaize, t. 1, p. 241), tantôt Ligdamire (t. 1, p. 141) : « Du temps de Valère (Voiture), lorsqu’elle donnoit un peu plus de son temps à la galanterie, c’estoit chez elle que la parfaite se pratiquoit, et, à présent qu’elle a d’autres pensées, c’est chez elle que l’on apprend les plus austères vertus. »

  1. Charlotte-Marguerite de Montmorency, née en 1593, mariée le 3 mars 1609 à Henri II de Bourbon-Condé, est morte le 2 décembre 1650. Son extraordinaire beauté fit faire à Henri IV bien des folies. Toute jeune qu’elle étoit, et mariée, elle y trouva de l’agrément. On croit qu’elle espéroit, à la suite d’un double divorce, arriver jusqu’au trône de son admirateur. Cela aussi étoit bien fantastique.

    Elle montra de la tête, au temps de la Fronde, lorsqu’il fallut soutenir Condé. Alors elle est chef du parti, elle délibère. Désormeaux (Vie de Condé, t. 2, p. 354) en donne un exemple : « La nuit venue, la princesse douairière assembla un petit conseil, où elle n’admit que la princesse sa bru, la duchesse de Châtillon, sa parente et sa favorite, la comtesse de Tourville, Lenet, conseiller d’État, l’abbé de La Roquette et quatre gentilshommes. »