Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 1, éd. Boiteau, 1856.djvu/220

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qu’il se rendit maître de son esprit, en telle sorte qu’il se mit entre elle et le duc de Nemours ; ce commerce lui donnant lieu d’avoir de grandes familiarités avec madame de Châtillon, il en devint amoureux, et jusqu’au point de s’en évanouir en disant la messe. Madame la Princesse douairière étant tombée malade de la maladie dont elle mourut[1], Cambiac, qui s’étoit acquis beaucoup de crédit sur son esprit, l’employa en faveur de madame de Châtillon : il lui fit donner pour cent mille écus de pierreries et la jouissance sa vie durant de la seigneurie de Marlou[2], qui valoit vingt mille livres de rente. Le duc de Nemours, que les soins de Cambiac pour madame de Châtillon avoient un peu alarmé, fut tout à fait jaloux de la nouvelle du testament de la princesse ; il ne crut pas qu’il fût aisé de résister à des services si considérables, et,

    Pleine de divins appas ;
    Mais c’est pour lui chose vaine
    S’il y va crotter ses bas.

    Somaize la désigne, à ce qu’il paroît, sous le nom de la précieuse Bérélise (t. 1, p. 38, 228). Mais arrêtons-nous. Le destin de ce livre veut que quand les gens sont sages nous n’en parlions pas beaucoup.

  1. À la fin de 1650.
  2. « Merlou, autrefois Mello, bourg avec un château, une église collégiale, un prieuré, une maison religieuse de filles, etc., dans le Beauvoisis, élection de Clermont, à deux lieues ouest-nord-ouest de Creil. C’est une ancienne baronnie qui relève du roi et appartient à la maison de Luxembourg. Elle avoit donné le nom à une illustre maison, éteinte il y a environ trois cents ans, et de laquelle étoit Dreux de Mello, connétable de France sous Philippe-Auguste. Celles de Nesle, d’Offemont, de Montmorency et de Bourbon-Condé, l’ont possédée successivement.

    « Le château est sur une hauteur ; c’est un bâtiment très ancien. » (Expilly.)