Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 1, éd. Boiteau, 1856.djvu/225

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de madame de Longueville, vit l’infidélité de sa maîtresse avec toute la rage qu’on peut avoir en de pareilles occasions. Elle, qui étoit remplie d’une grande passion pour le duc de Nemours, ne se mit guère en peine de ménager son ancien amant. La première fois qu’elle vit le duc de Nemours en particulier, dans le moment le plus tendre du rendez-vous, elle lui demanda comme il avoit été avec madame de Châtillon. Le duc ayant répondu qu’il n’en avoit jamais eu aucune faveur : « Ah ! je suis perdue, lui dit-elle, et vous ne m’aimez guère, puisqu’en l’état où nous sommes à présent, vous avez la force de me cacher la vérité ! » Ce commerce ne dura guère, et le duc de Nemours ne pouvoit se contraindre à témoigner de l’amour qu’il ne sentoit pas ; et l’on peut croire que la princesse, qui étoit malpropre et qui sentoit mauvais, ne pouvoit pas cacher ses méchantes qualités à un homme qui aimoit ailleurs éperdument. Ces dégoûts ne retardèrent pas aussi le voyage que le duc de Nemours devoit faire en Flandre pour amener au parti du prince un secours d’étrangers ; mais la véritable cause de son impatience étoit le désir de revoir madame de

    dit : « Ce seigneur étoit peut-être plus intéressé qu’il n’étoit tendre (Mottev., t. 3, p. 128). Il avoit beaucoup d’esprit et l’avoit fort agréable, mais il avoit encore plus d’ambition » (t. 3, p. 154).

    En 1643, elle ajoutoit à son nom (t. 2, p. 9) cette phrase : « Ami de madame de Chevreuse et de la dame de Hautefort, qui étoit fort bien fait, avoit beaucoup d’esprit et de lumière, et dont le mérite extraordinaire le destinoit à faire une grande figure dans le monde. »

    Il n’est pas nécessaire d’être diffus lorsqu’il s’agit d’une personne que tout le monde connoît si bien.