Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 1, éd. Boiteau, 1856.djvu/236

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feu Châtillon, que, sans la protection de monsieur le Prince, il eût souffert quelques violences.

    moins aisément. Elle avoit le teint fort blanc, les cheveux fort noirs et une grande majesté. »

    Au bal du lundi-gras 1647, dit le bal des Polonois, madame de Montbazon, de haute lutte, emporte le prix de la beauté, à trente-cinq ans. Ce fut une reine, une divinité, V. madame de Motteville (t. 2, p. 220) : « La duchesse de Montbazon y vint parée de perles et d’une plume incarnate sur sa tête ; elle y parut encore dans un grand éclat de beauté, montrant par là que des beaux l’arrière-saison est toujours belle. »

    Pour Lenet (p. 346), madame de Montbazon est « une des plus belles et des plus galantes dames qui jamais aient paru dans la cour de France, et de qui la beauté s’est conservée entière jusqu’à l’âge de quarante-huit ans, qu’elle la perd avec sa vie. »

    Voici Retz, maintenant (p. 97) : « Madame de Montbazon estoit d’une très grande beauté ; la modestie manquoit à son air. Sa morgue et son jargon eussent suppléé dans un temps calme à son peu d’esprit. Elle eut peu de foi dans la galanterie, nulle dans les affaires. Je n’ai jamais veu personne qui eust conservé dans le vice si peu de respect pour la vertu. »

    C’est peut-être en ce sens que M. Cousin l’a méprisée.

    Un vers satirique lui dit, sans avoir l’air de douter de rien :

    Cinq cens escus bourgeois font lever ta chemise,

    et une note du recueil de Maurepas affirme qu’elle se vendit à Chevreuse, gendre de son mari, pour 100,000 fr. d’argent et une donation.

    Gaston d’Orléans et le comte de Soissons paroissent l’avoir eue à leur disposition. Beaufort, un jour, avant de monter en carrosse (Conrart, Mém., p. 100), lui dit tout haut : « Madame, j’ai toujours ouï dire que les femmes ont une cuisse plus douce que l’autre ; je vous supplie de me dire laquelle des vôtres est la plus douce, afin que je me mette de ce côté-là. »

    Qui parle ainsi fait davantage (Mott., t. 3, p. 263). N’oublions pas d’Hoquincourt, ni son mot si léger : « Péronne est à la belle des belles. » N’oublions pas Bassompierre, de Rouville, de Bonnelle Bullion, qui lui acheta de l’amour, et tant d’autres.