Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 1, éd. Boiteau, 1856.djvu/237

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Aussi la haine de Châtillon pour lui avoit assez disposé sa femme à l’aimer.

    Elle avoit de l’esprit, « elle aimoit sa beauté (Mott., t. 3, p. 131), et faisoit son idole de soi-même ». En six heures elle disparut du monde.

    Dans l’histoire anecdotique le vrai est bien difficile à saisir. Saint-Simon nous déroute (t. 2, p. 149) quand il dit que le duc de Montbazon étoit un « homme de tête et d’esprit ». Voici ce que Saint-Simon donne comme la vérité (p. 167), au chapitre de la mort de madame de Montbazon : « M. de Rancé étoit auprès d’elle, ne la quitta point, lui vit recevoir les sacrements. Déjà touché et tiraillé entre Dieu et le monde ; méditant déjà depuis quelque temps une retraite, les réflexions que cette mort si prompte fit faire à son cœur et à son esprit achevèrent de le déterminer. » Le mot cœur est jeté là bien négligemment. Rancé est le dernier qui ait eu à soi madame de Montbazon.

    Les mariages ridicules comme celui de madame de Montbazon amènent toujours quelque étrange amalgame d’alliances. Mademoiselle de Montbazon (Mélinde, de Somaize) épousa en 1661 M. de Luynes, son neveu et son parrain. Ce qui se comprend très bien, comme on le voit :

    Hercule de Montbazon | | | | De Magdelaine de Lenoncourt De Marie d’Avaugour (sa première femme). (sa deuxième femme). | | | | Madame de Chevreuse Mademoiselle de Montbazon (d’abord duchesse de Luynes). (fille de la 2e madame | de Montbazon). | M. de Luynes (fils du premier lit de madame de Chevreuse).

    Saint-Simon (t. 5, p. 196) parle d’une autre madame de Montbazon. C’est la femme du prince de Guéméné, fils du premier lit de M. le duc, mort fou à Liége, et la belle-sœur du chevalier de Rohan, décapité en 1674. Elle étoit fille unique et posthume du premier maréchal de Schomberg et de la seconde fille de M. de La Guiche, grand-maître de l’artillerie.