Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 1, éd. Boiteau, 1856.djvu/250

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traiter Cambiac, et elle voyoit bien qu’on n’en soupçonneroit point d’autre qu’elle. Elle fut très mal satisfaite de Digby, et lui eût bien plutôt pardonné la mort de Cambiac que son enlèvement. Mais enfin, ne pouvant faire que ce qui venoit d’être fait ne fût point : « Je suis au désespoir, lui dit-elle, de ce qui vous vient d’arriver. Je vois bien que l’impertinent qui vous a fait cet outrage me veut rendre suspecte auprès de vous en vous envoyant chez moi ; mais vous verrez bien par le ressentiment que j’en aurai que je n’ai point de part à cette violence. Cependant, Monsieur, voulez-vous demeurer ici ? Vous y serez le maître. Voulez-vous retourner à Marine ? Je vous donnerai mon carrosse. Vous n’avez qu’à dire.—Je ne sais, Madame, lui répondit froidement Cambiac, ce que je dois croire de tout ceci. Je vous rends grâces des offres que vous me faites : je m’en retournerai sur mon cheval, si vous le trouvez bon. Dieu, qui veut me garantir des entreprises des méchants, aura soin de moi jusqu’au bout. » Et, en achevant ces mots, il sortit brusquement et s’en retourna seul à Marine. Il n’y fut pas plutôt arrivé que madame de Pisieux et lui écrivirent ces deux lettres à un de leurs amis à Paris :