Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 1, éd. Boiteau, 1856.djvu/253

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LETTRE

De madame de Pisieux à monsieur de Brienne.

J’ai trop de part à l’aventure de monsieur de Cambiac pour ne pas joindre un mot de ma main à la relation qu’il vous a faite de la sienne. Il n’y a point de circonstance qui ne soit surprenante, et tout le mieux que l’on puisse penser de moi en cette affaire, c’est qu’on ne m’y a guère considérée, car toutes les apparences sont que je dois être complice d’une si digne action. Il est vrai que l’offensé me justifie assez, puisqu’il s’est venu retirer au même lieu où on lui avoit dressé le piége. Toute mon étude est présentement à me conduire de façon que, sans m’emporter dans une juste colère, j’y demeure toute ma vie assez pour faire voir que j’étois utile amie à madame de Châtillon. Vous sçavez mon nom et mon courage ; je vous ai toujours parlé avec assez de sincérité ; je vous ajoute de plus que je fais profession d’un christianisme assez austère et que j’ai dessein de servir mon Dieu et mon maître sans art et sans fourbe. Ces fondements posés, tout ce que le ressentiment et la justice me peuvent permettre, je ne manquerai à rien. Obligez-moi de faire part de ceci à monsieur d’Aubigny[1], et ne passez pas outre.

  1. Quel d’Aubigny ? Le Dioclès de Somaize (t. 1, p. 140), ami de Beroé, qui « chante bien et a tousjours après luy deux ou trois musiciens ? » Le père de d’Aubigny, l’ami de Saint-Evremont, l’amant de madame des Ursins ? C’étoit (Saint-Simon, t. 4, p. 177) un procureur au Châtelet. Un d’Aubigny rattaché à la famille d’Agrippa d’Aubigné, comme celui qui fut évêque de Noyon, puis archevêque de Rouen, quand madame de Maintenon fut reine ? L’abbé d’Aubigny, de la maison de Stuart, chanoine de Paris, oncle du duc de