Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 1, éd. Boiteau, 1856.djvu/255

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crois pas que le crime de Cambiac fût assez grand de s’être mis dans la voie de son devoir par le moyen

    On a dit (Montp., t. 4, p. 62) qu’en 1658, à quarante-trois ans, elle rendit au duc d’Anjou le service que madame de Beauvais rendit à Louis XIV. Ses mémoires sont apocryphes et sont l’œuvre de Sénac de Meilhan. M. Cousin (Histoire de madame de Sablé) ne pouvoit se dispenser de faire revivre cette femme célèbre. Somaize (t. 1, p. 290) l’appelle Pamphilie :

    « Pamphilie, estant l’honneur de son sexe, mérite bien d’estre mise au rang de tout ce qui se trouve d’illustres prétieuses. C’est une princesse formée du sang des demy-dieux, et que la nature mit si advantageusement en œuvre qu’elle fut plus belle que la mère des amours, et qu’elle égalle encore ce qui se peut voir de plus charmant. Elle a pour sœur une celèbre reyne qui a eu l’honneur de recevoir deux fois le sceptre des Sarmates (les Polonais), qu’elle rend tous les jours doublement sujets par sa beauté et par le rang de souveraine. Si elle ne fait pas briller la blancheur de son beau front sous le riche et majestueux tour d’un diadème, ce n’est pas qu’elle en ait esté moins digne, mais que la fortune, qui craignoit de rendre son empire plus grand que le sien, ne put se résoudre à la placer dessus le trône. Pamphilius (le prince palatin), l’un des plus considérables héros qui habitent vers le Rhin et le Danube, a profité du caprice de cette déesse des événemens, ayant, par son mérite, trouvé le moyen de s’insinuer dans le cœur de nostre héroïne, de qui tant d’aultres cœurs avoient en vain voulu estre les victimes, et d’estre en un mot l’heureux espoux de la plus belle moitié du monde. Elle a esté long-temps l’un des mobiles de toutes les actions de la cour du grand Alexandre, joignant les lumières de son bel esprit à celles de ses premiers ministres pour la conduite des plus importantes affaires. Alors les Muses latines et françoises prenoient plaisir d’y establir leur Parnasse en sa faveur, n’y ayant personne qui en connust mieux les talens et qui les accueillist plus obligeamment que la divine Pamphilie. Il y avoit aussi une forte émulation entr’elles à qui auroit l’honneur de se rendre plus agréable à son esprit ; mais ce bonheur fut le précieux partage de celle qui avoit le docte et l’ingénieux Rodolphe (M. Robinet) pour son père, l’un de nos premiers historiographes. Le sort de cette Muse causa tant de jalousie à