Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 1, éd. Boiteau, 1856.djvu/26

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le peu d’apparence qu’il y a, c’est que vous avez été plusieurs fois témoin de la tendresse (j’ose dire ainsi), du profond respect, de l’estime extraordinaire, et même de l’admiration que j’ai pour le roi. Je vous ai souvent dit que je le voyois tous les jours, que je l’étudiois, et que tous les jours il me surprenoit par des qualités merveilleuses que je découvrais en lui. Vous pouvez vous souvenir, Monsieur, qu’un jour, transporté de mon zèle, je vous dis que, puisque la paix ne me permettoit plus de hazarder ma vie pour son service, je voulois le servir d’une autre manière, et que, comme un des capitaines d’Alexandre avoit écrit l’histoire de son maître, il me sembloit qu’il étoit juste qu’un des principaux officiers des armées du roi écrivît une aussi belle vie que la sienne. Je vous priai de le dire à Sa Majesté, Monsieur, et quelque temps après vous me dîtes la réponse qu’elle vous avoit faite, dans laquelle sa modestie me parut admirable. Après cela. Monsieur, peut-on m’attaquer sur le manque de respect à mon maître, et ne croyez-vous pas que, si mes ennemis avoient sçu tous les témoignages particuliers que je vous ai si souvent donnez de mon zèle extraordinaire pour la personne de Sa Maiesté, et que vous avez eu la bonté de lui faire connoître, ne croyez-vous pas, dis-je, qu’ils auroient cherché d’autres foibles en moi que celui-là ? Je n’en doute point, Monsieur ; mais Dieu a confondu leur malice ; vous verrez qu’ils n’auront fait autre chose que de m’avoir donné un honnête prétexte, en vous écrivant ceci, de faire souvenir le roi de tous les sentimens où vous m’avez vu pour Sa Majesté.