Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 1, éd. Boiteau, 1856.djvu/265

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

et madame de Châtillon, et le commerce qu’elle conservoit avec lui. Pour s’excuser, elle lui disoit que le maréchal s’employoit auprès du cardinal pour faire revenir Bordeaux, qu’on lui avoit ôtée, et pour lui faire obtenir à elle-même la permission de retourner à la cour ; elle ajoutoit qu’elle eût bien souhaité ne devoir ces grâces qu’à lui, mais qu’elle vouloit ménager son crédit pour de plus grandes affaires. Ce qui persuada l’abbé Foucquet que l’intrigue du maréchal et d’elle pouvoit ne regarder que la cour, c’est qu’au printemps elle revint par son entremise, premièrement à Marlou, et puis quelque temps après à Paris, et Bordeaux avec elle. Pendant la campagne du maréchal en Catalogne, le roi d’Angleterre, que les malheurs de sa maison obligeoient de demeurer en France, et qui avoit trouvé la duchesse fort à son gré, la revoyoit à Marlou, dans de petits voyages qu’il faisoit chez Craf, et ce commerce avoit donné tant d’amour pour elle à ce prince qu’il étoit résolu de l’épouser, Craf persuadant à son maître de la contenter, à quelque prix que ce fût, sur les promesses que madame de Châtillon avoit faites à ce milord de lui donner les dernières faveurs s’il contribuoit à la faire reine ; et en effet elle l’eût été, si Dieu, qui avoit soin de la fortune et de la réputation de ce roi, n’eût amusé madame de Châtillon d’une folle espérance, qui lui fit manquer une si belle occasion.