Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 1, éd. Boiteau, 1856.djvu/272

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parla lui-même assez fièrement à la Feuillade, lequel, soit qu’il crût que, son rival étant aimé, il échoueroit dans son entreprise, soit que, son amour naissant lui laissant toute sa prudence, il jugeât à propos de ne se point attirer sur les bras un homme si violent, ne s’opiniâtra donc point dans cette passion. Le marquis de Cœuvres[1] n’eut

    septembre 1691, à soixante ans passés. Son père, qu’il n’avoit pas connu, étoit mort au combat de Castelnaudary, en 1631.

    Saint-Simon lui attribue la plate réponse que le maréchal de Grammont fit un jour à Louis XIV, lorsque le roi le surprit battant un valet. La Feuillade avoit servi de confident dans l’histoire des amours de mademoiselle de Fontanges.

  1. Son père, François Annibal d’Estrées, marquis de Cœuvres, maréchal de France, né en 1573, mourut à quatre-vingt-dix-sept ans, le 5 mai 1670.

    Tallemant (t. 1, p. 383) dit qu’il étoit dissolu au dernier point, ayant, selon le bruit public, couché successivement avec ses six sœurs. Il eut en premières noces 1º le marquis de Cœuvres, 2º le comte d’Estrées, 3º l’évêque de Laon, et en secondes noces le marquis d’Estrées.

    Il étoit fils d’Antoine d’Estrées, premier baron du Boulonnois, et neveu de la « charmante » Gabrielle. Il avoit épousé la fille de Montmor, trésorier de l’épargne, veuve du maréchal de Thémines. La satire 3 de Régnier lui est dédiée.

    Son fils aîné, en 1648, sert en Catalogne avec le titre de maréchal de camp.

    En 1615, le père est maître de la garde-robe de Monsieur, qui est bien jeune alors ; il fut employé dans les ambassades, à Bruxelles, pour enlever le prince de Condé (Fontenay-Mareuil, t. 1, p. 21), et surtout à Rome, où il montra de l’habileté. Ses Mémoires sont intéressants pour l’histoire diplomatique.

    C’est lui qui, avec le marquis de Rambouillet, est le premier des jeunes gens de la cour roulant carrosse sous Henri IV (Tallem., t. 1, p. 112).

    Le marquis de Cœuvres fut fiancé en 1647 (Mottev., t. 2, p. 216) avec mademoiselle de Thémines, fille de la seconde femme de son père. Il fit partie de l’assemblée de la noblesse en 1649 (Mottev., t. 3, p. 272), réunie pour combattre les prétentions de La Rochefoucauld et de quelques autres. Il se battit en duel avec Plessis-Chivray, frère de la maréchale de Grammont. Ce fut « un des plus beaux combats de la Régence » (Tallem., t. 4, p. 435) ; il n’y eut pas de raillerie. En 1650 il est à Laon, place de son père (Catal. de la Bibl. nat., t. 2, [histoire] nº 1632). En 1670 (Daniel, t. 2, p. 394) il est colonel du régiment d’Auvergne.

    Le comte d’Estrées, son frère, fut maréchal de France ; l’évêque de Laon devint cardinal.