Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 1, éd. Boiteau, 1856.djvu/274

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LETTRE.

Quelque désir que vous m’ayez témoigné que je vous rendisse visite, j’ai cru, par le peu de plaisir que vous avez eu de la dernière, que je ferois beaucoup mieux de m’en abstenir, puisque aussi bien votre froideur m’ôte toute la joie que je recevois autrefois en vous voyant : car, en vérité, je suis persuadé que je ne dois prétendre aucune part en vos bonnes grâces ni en votre confiance. L’engagement où vous êtes est tel qu’il ne souffre pas que vous regardiez rien hors de là, et que vous êtes nécessitée de manquer à ce que vous devez par des obligations essentielles ; je crois même que vous me sçauriez meilleur gré de vous oublier tout à fait que de m’en souvenir en ce rencontre, et que vous approuverez de bon cœur mon détachement de votre personne et de vos intérêts. Avec tout cela, Madame, je ne veux pas que vous me perdiez, parceque je suis bien assuré que vous serez bien aise de retrouver un jour ce que vous méprisez à cette heure : je me conserverai

    qui suit, Bussy raconte avec une grande clarté et avec des détails fort intéressants des faits qui ont une valeur véritable. L’histoire de la Fronde et du ministère de Mazarin est éclairée, grâce à ce livre badin, d’une lumière qui, sans l’Histoire amoureuse, lui manqueroit. Les historiens qui ont souci de la tâche qu’ils se donnent ne peuvent négliger, sans encourir de reproche, une source qui est, en certains cas, unique, et qui est toujours bonne. Il ne faut pas que les grâces trop raffinées du récit écartent la science sévère des enseignements qui l’attendent dans ce livre. Nous croyons pouvoir déclarer, sans crainte de rien donner à l’engoûment que l’annotateur a quelquefois pour son texte, que l’ouvrage de Bussy-Rabutin peut prendre place parmi les plus utiles mémoires écrits sur l’histoire du règne de Louis XIV.