Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 1, éd. Boiteau, 1856.djvu/285

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

partout des plaisanteries du maréchal les plus piquantes du monde. Quand elle songeoit encore aux lettres de l’abbé qu’elle lui renvoyoit, dans

    (Lenet, p. 615) de défendre contre les Espagnols, et que nous voyons, en 1657, cornette des chevau-légers du roi (Montp., t. 3, p. 217). Bussy parle de ce Montaigu-là.

    Le père, milord de Montaigu, comme on disoit, resta jusqu’au dernier moment l’ami de la reine-mère ; elle alloit le visiter dans son abbaye (Mott., t. 5, p. 18.—1659). Il conserva aussi un grand crédit sur le ministre et sur la cour d’Angleterre. C’est lui qui, en 1660 (Mottev., t. 5, p. 83), veut marier Charles II à Hortense Mancini ; c’est lui qui amène la reine Henriette à reconnoître pour sa belle-fille la femme du duc d’Yorck, Anne Hyde de Clarendon. Il « n’avoit pas de désirs pour la fortune, ses attachements étoient en France ; la véritable piété faisoit qu’il étoit désintéressé. » Il assista Anne d’Autriche à son lit de mort (Montp., t. 4, p. 91, et Mottev., t. 5, p. 235.)

    Le fils, « le petit milord Montaigu » (Mottev., t. 5, p. 134), jouissoit du crédit de son père en France, et y joignoit le sien auprès du roi restauré d’Angleterre. Il devint ambassadeur d’Angleterre en France et courtisa les dames de l’un et de l’autre pays. On le compte parmi les galants de la très galante madame de Brissac.

    Pour contenter cette beauté,
    L’ambassadeur a l’air trop fade.

    C’étoit donc, apparemment, un Anglois aux cheveux blonds. Il quitta madame de Brissac en 1672 pour Elisabeth Wriothesley, comtesse de Northumberland, sœur de l’héroïque lady Russell ; il l’épousa, non sans peine, en 1673 ; elle mourut à quarante-quatre ans, en 1690.

    Madame de La Fayette écrivit sur cela à madame de Sévigné :

    « On dit ici que, si M. de Montaigu n’a pas un heureux succès de son voyage, il passera en Italie pour faire voir que ce n’est pas pour les beaux yeux de madame de Northumberland qu’il court le pays. » (30 décembre 1672.)

    Et le 13 avril 1673 : « Montaigu s’en va ; on dit que ses espérances sont renversées ; je crois qu’il y a quelque chose de travers dans l’esprit de la nymphe. »

    Veuf, Montaigu épousa la folle duchesse d’Albemarle, qui